Par Sylvaine Luckx le 07/11/2012

Il ne se passe pas une journée sans qu’un éditeur ou bien un offreur
de services n’annonce une nouvelle solution de cloud computing : ce
dernier s’affiche même en format tabloïd dans les pages grand public des
quotidiens et des magazines. De même, le BYOD devient un phénomène
de société, parfois un sujet de discussion entre cadres désireux de
partager leurs expériences respectives : pas une discussion ne se passe
sans qu’un cadre ne demande à un autre : « et pour toi, le BYOD (Bring
Your Own Device), c’est pour quand ? », tout en s’enquérant du modèle de
terminal acheté par l’entreprise ou le cadre. Mais au-delà des inévitables
effets d’annonce, les usages du cloud computing et le BYOD balbutient.
Les RSSI les regardent encore avec méfiance, et les usages sont loin
d’être généralisés dans les entreprises. C’est pourquoi nous avons voulu
en savoir plus, à travers un questionnaire complété en ligne par un
échantillon de RSSI invités.
50% des entreprises
n’utilisent que peu ou pas
du tout le cloud computing
La première partie du questionnaire a trait aux
usages du cloud computing : on y interroge les
entreprises sur leur politique de l’utilisation du
cloud professionnel par les salariés. Sans surprise,
et contrairement aux effets de manche des annonceurs,
le cloud computing n’est pas beaucoup utilisé
dans les entreprises par les salariés : elles sont
50 % (25 % à ne l’utiliser pas beaucoup, et 25 %
à ne l’utiliser pas du tout), à avoir une utilisation
parcimonieuse, voire nulle, du cloud computing.
Mais la réponse est partagée, et peut s’écrire sur
le mode ni-ni. Si 50 % ne l’utilisent que peu ou
pas du tout, 42 % l’utilisent un peu. C’est ce
que souligne Eric Wiatrowski, Chief Security
Officer d’Orange Business Services, qui se place
autant comme offreur de services par Orange que
comme CSO. « Le Cloud computing commence à
être vendu et utilisé, c’est un fait. Nous voyons maintenant
apparaître des services dédiés avec une facturation
à la consommation. Je pense que la demande
croît, c’est en tous cas les retours que nous avons de nos
commerciaux. ». Pour ce qui est des usages, non
détaillés, on parle d’ « applications spécifiques »,
mais on peut lire dans le questionnaire rempli
par Cédric Cartau, RSSI du CHU de Nantes
(lire encadré), que le cloud computing est utilisé
« pour des applications ni stratégiques ni sensibles ».
Mais aucune entreprise n’a répondu qu’elle utilisait
beaucoup le cloud computing. Ce résultat
tempère sans nul doute les annonces parfois fracassantes
des offreurs de service, qui tendraient à
nous faire croire que de ne pas passer au cloud
computing est parfaitement obsolète…
En fait, les RSSI y regardent à deux fois et étudient
l’économie réelle du passage au cloud computing.
Mieux, un RSSI de collectivité locale
comme Hervé Michelland, RSSI de la métropole
Nice Côte d’Azur, se montre très dubitatif sur les
services de cloud computing : « Externaliser les services,
ce n’est pas une finalité en soi. Premièrement,
cela existe depuis quelques années déjà, et ensuite je
ne suis pas sûr d’y gagner au final. Obtenir un ROI
n’est pas du tout certain, et je reste dubitatif sur une
telle opération. Un grand acteur informatique nous
avait proposé d’externaliser notre messagerie, et nous
avons refusé, car cela allait nous coûter quatre à cinq
fois plus cher. Il faut bien voir que, dans notre secteur,
les économies doivent être drastiques, le budget utilisateur
doit être divisé par deux », martèle-t-il. Avant
de conclure : « Le cloud computing coûte très cher, et
je n’en vois pas la plus-value ». Fermez le ban !