Par la rédaction le 02/06/2012

L’analyse forensics est devenue, en quelques années,
une étape obligatoire pour bon nombre voire la totalité
des enquêtes criminelles, qu’il s’agisse de crime ou délit,
informatique ou non. En effet, la numérisation de la
société française laisse des traces dans tous les types
d’infractions pénales. Citons l’exemple du cas de
Mohamed Merah, qui a été pisté notamment par une
adresse IP... Mais qu’est-ce qu’une analyse forensique ?
Quels sont les types de délits visés, et qui sont les
acteurs qui interviennent ? Au coeur des forces de police
et de gendarmerie, en lien avec les experts juridiques,
Mag-Securs a mené l’enquête.

Forensics : l’informatique légale
Laissons le soin aux acteurs de définir le terme forensics,
trop anglo-saxon à notre goût : « les forensics, ou informatique
légale en français, désignent l’application des techniques
ou des protocoles d’investigation numérique respectant
les procédures légales pour recueillir et apporter la preuve
numérique. Elle regroupe l’ensemble des méthodes permettant
la conservation, la collecte et l’analyse de la preuve numérique
en vue de les produire dans le cadre d’une action
en justice », précise Myriam Quemener, magistrat, spécialiste de la cybercriminalité, et Procureur Adjoint responsable
du Pôle criminel au Tribunal de Grande Instance
de Créteil. « Il y a des affaires de cybercriminalité au sens
strict comme les piratages informatiques où l’analyse forensics
est indispensable, mais on constate de plus en plus que,
dans de nombreuses affaires criminelles, l’analyse forensics
va être déterminante pour identifier les auteurs, au même
titre que l’ADN dans la médecine légale. La plupart des
affaires criminelles (escroqueries, trafic de stupéfiants, blanchiment
d’argent …) ont aujourd’hui un versant numérique
(exploitation des données informatiques, recherche des
logs et des traces numériques, exploitation des données des
ordinateurs, des portables et des smartphones », complète
Myriam Quemener. On se souvient de la tragique affaire
Mohamed Merah, qui s’est fait piéger par une adresse
IP. De plus en plus d’affaires criminelles comprennent
un champ numérique à explorer, ce qui rend nécessaire
l’intervention de forces de polices et de gendarmeries formées
à ces techniques, ce qu’elles sont de plus en plus, et
de spécialistes experts.
Anne Souvira, Commissaire Divisionnaire et chef de la Befti
(Brigade d’Enquête sur les Fraudes aux technologies de l’information,
lire encadré), en bon policier, définit la chose de
manière imagée : « les forensics, c’est comme l’analyse médicolégale.
Dans le cas d’un crime de personne, on recherche l’impact,
la trace de la balle, le chemin qu’elle a pris… Dans le cadre des
forensics, nous sommes les médecins légistes des ordinateurs. »